“Vers quoi tend réellement la France ? La vision du président nous envoie un message à l’échelle européenne. Les prises de paroles d’Emmanuel MACRON prônent une vision large et ouverte pour une France plus intégrée dans le paysage de l’espace Schengen”.
Son dernier discours du 13 avril et sa déclaration du 23 avril sont loin d’être de simples communications de crise à l’échelle nationale : un véritable plaidoyer. Qui pose les jalons d’une nouvelle orientation pour l’avenir de la France et de l’Europe.
A l’issue de la pandémie Covid-19 qui endeuille le monde, gèle toutes les activités économiques, épuise les ressources financières nationales, et endette les états ; le monde reviendra-t-il aux mêmes comportements politiques et économiques initiaux ?
Telle est la question qui s’impose et à laquelle nul n’a de réponse exacte ; pourtant nombreux sont ceux qui émettent des avis, hypothèses ou prophéties, mais combien tiennent compte d’un possible changement radical du comportement citoyen ?
Les alarmistes nous annoncent le retour fracassant du nationalisme, de l’état absolu, du confinement des nations au sein de frontières imperméables, physiques et morales, qui aboliraient la solidarité et éclateraient les unions multi-étatiques existantes à l’échelle des régions et du monde. Ce scénario extrême est bien sûr difficile à envisager vu les interdépendances et échanges déjà établis, mais de multiples variables néfastes peuvent en découler.
Le comportement des dirigeants américains et anglais, même avant la pandémie, sont des cas concrets, alors que dans certains pays européens « blessés » comme l’Italie et l’Espagne des courants nationalistes pourraient, s’ils arrivent au pouvoir, suivre l’exemple (comme le confirment certaines scènes, par exemple : des drapeaux européens brûlées en Italie).
Fort heureusement les valeurs républicaines françaises sont l’inverse de l’isolationnisme, et les derniers sondages le prouvent, largement en faveur du président Macron et du premier ministre Edouard Philippe.
Toute hypothèse ayant son contraire, la théorie inverse postule que le confinement va nous permettre de réfléchir à la précarité de l’existence car comme le dit si bien le président Macron « il nous rappelle que nous sommes vulnérables, nous l’avions sans doute oublié ». Cela nous poussera-t-il pour autant à revenir à l’essentiel, et donc à notre Humanisme et au respect de la nature ?
Difficile à dire, certains « écologistes » vont jusqu’à prédire la fin de l’attachement aux biens matériels, le rééquilibrage des richesses, et le retour à l’équité sociale. Egalité et fraternité que la France honore, de par sa constitution fondée sur le respect des droits de l’Homme, et que nous devons absolument renforcer.
Mais au-delà des théories politico-socio-économiques de droite ou de gauche, c’est l’Humain et l’Humain seul qui se trouve dans une situation d’isolement (enfin certains), confiné chez lui avec lui-même ou avec ses proches qui deviennent soudain trop proches car vivant souvent dans une proximité qui peut s’avérer parfois dévastatrice, à en croire les chiffres en augmentation des violences domestiques.
Alors ce seront les citoyens et les citoyennes qui décideront si changement il y a, ou si la « régénération » se reproduira dans les mêmes « moules » socio-politiques et socio-économiques d’avant -crise. Ce qui est sûr c’est que la blessure provoquée par cette pandémie, prendra un certain temps à cicatriser, et qu’elle va induire un « nouveau contrat social » pour reprendre les termes d’Edgar Morin.
C’est dans ce cadre que la vision du président Macron apporte un plus crucial car elle amorce un plan de reconstruction de « notre monde qui se fragmente ».
Après avoir décrit un présent imbibé de solitude, d’angoisses et de tragédies, mais aussi riche en fraternité solidarité et citoyenneté prometteuses, le chef de l’état aborde une réflexion sur la marche à suivre pour « préparer la suite ». Il tire les leçons d’un vécu amer pour porter une certaine vision outre-pandémique qui annonce clairement une« refondation », pose les jalons d’une France qui doit « rebâtir une indépendance », propose une Europe qui a « plus d’autonomie stratégique », capable d’affronter solidairement les fléaux et dangers existentialistes qui la guettent. Mais aussi une France et une Europe solidaires des pays les plus fragiles et un vrai partenaire du continent africain.
Partant d’un constat que « nous sommes à un moment de vérité qui impose plus d’ambitions et plus d’audace » le président des Français propose de « bâtir des solidarités et des coopérations nouvelles », ajoute qu’il « nous faudra rebâtir notre économie plus forte afin de garder notre indépendance financière » et insiste sur le fait qu’il « nous faudra rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française ». Par ces termes clairs et signifiants, où bâtir et rebâtir sont omniprésents, et où la notion d’indépendance revient en boucle avec une telle insistance, il est nul besoin d’expliquer la gravité de la situation, l’importance de la phase à venir et les enjeux vitaux qu’elle comporte.
Le monde entier va mal, et il devient impératif que la France puisse s’autosuffire en réserves stratégiques pour parer aux coups durs, et résister dans des situations extrêmes où elle risque de se retrouver incapable de subvenir aux besoins les plus élémentaires des français. Certains considèrent qu’il s’agit-là d’une distanciation de l’union Européenne, bien au contraire c’est une réflexion nécessaire pour renforcer cette union. Il est temps de sortir du politiquement correct, l’après « Covid 19 » ne peut plus être comme avant, et il est nécessaire et indispensable de revisiter la stratégie européenne pour les années à venir.
Ne nous leurrons pas, certaines décisions économiques européennes doivent être remises en question, surtout celles qui ont brimé pendant des décennies les producteurs français et limité leur expansion, pour donner des chances égales aux membres de la communauté. La répartition des besoins était légitime avant la pandémie, mais ce ne l’est plus dans un temps où chaque pays a besoin d’assurer ses réserves stratégiques.
Il serait donc plus juste et plus légitime que la décision se prenne collectivement par le biais d’une négociation multilatérale dont l’objectif serait de donner plus de flexibilité aux états membres, en vue de leur permettre de prendre les mesures de protection nationales nécessaires, sans pour autant affaiblir le partenariat communautaire.
L’Europe se retrouvera alors renforcée, par le fait même que ses états membres sont intérieurement sécurisés, et pourra aspirer à une plus grande « autonomie stratégique » comme le suggère le Président Emmanuel Macron.
Cela permettra aussi à l’Europe de concentrer ses forces sur les grands dossiers, par exemple ceux liés à la recherche, à l’innovation, à l’éducation, et à la défense des citoyens contre les fléaux divers. Mais aussi de se positionner en tant qu’acteur global de premier rang, ce qui est vital pour l’avenir du continent et du monde. Surtout dans le contexte actuel où la Chine et les Etats-unis s’engagent dans un conflit global ouvert, auquel seule une union européenne renforcée est capable de faire face.
Il va sans dire que le risque d’une politique plus autonomiste pose des problèmes économiques importants, liés entre autres au besoin en main d’œuvre et au risque d’effondrement des marchés en cas de surproduction. Et c’est là que la proximité géographique, historique, culturelle, l’amitié et la Francophonie (le français est parlé dans 31 pays sur 54) partagée avec la méditerranée et le continent africain sont des atouts ! Des atouts pour nos deux continents !
Le Président Macron propose clairement un retour vers l’Afrique. Une Afrique « que nous devons aussi savoir aider » dit-il, reconnaissant implicitement que des erreurs ont été commises.
Nous pourrions ajouter, à tous les niveaux, autant Européen que Mondial, aider ce continent, oui, mais avec l’objectif de répondre aux besoins du terrain et non de donner l’aide que l’on aura choisie, (propos trop souvent remontés du terrain d’une vaste circonscription que je visite avec beaucoup d’attention). Cependant, les choses commencent peu à peu à changer, ce qu’il faut saluer, et les actions de l’Agence Française de Développement (AFD) en témoignent notamment.
Il est important de souligner que si ce partenariat avec l’Afrique est bien pensé il peut avoir un retour gratifiant, tant sur le plan de la redistribution de la surproduction par le créneau de l’humanitaire -ce qui n’impacte nullement les marchés- que sur celui de la carence en ressources humaines.
En bon président progressiste et républicain, Emmanuel Macron assure qu’il va raviver un vieux principe de la république qui postule que « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » ; humaniste et bâtisseur, il nous demande de profiter de « la chance qu’il y a dans cette crise » pour « ressouder et prouver notre humanité, bâtir un autre projet dans la concorde » ; enfin en penseur il nous propose de profiter du moment pour « sortir des sentiers battus, des idéologies, et de nous réinventer » « moi le premier » dit-il. Une réinvention ou une renaissance ; celle d’un président visionnaire et d’une France inédite, plus forte et plus durable, indépendante et solidaire, qui orchestre la construction d’une grande puissance Européenne qui prend soin de notre planète qui s’épuise.
En bref, la réinvention du rêve Français et sa propagation à travers le monde.
Amélia Lakrafi
Députée LREM des Français Afrique, Moyen-Orient et Océan Indien, Ancienne Cheffe d’entreprise Cybersécurité, Commandant de réserve Cyber-défense
Joseph Moukazel
Enseignant Chercheur, Professeur, Journaliste, Architecte, Député Suppléant