Par Capucine Taconet, article paru le 16 novembre 2021 dans le journal LEPETITJOURNAL.COM
Commerce extérieur, lutte contre les violences faites aux femmes, CVthèque des talents, Amélia Lakrafi s’exprime sans langue de bois sur les sujets qui lui tiennent à cœur. La députée de la République en Marche détaille les nombreux chantiers qu’elle mène de front pour accroître le rayonnement de la France à l’étranger, avec enthousiasme et conviction.
Nous avons échangé avec la députée des Français de l’étranger Amélia Lakrafi qui représente nos concitoyens résidant au Moyen Orient, en Afrique Centrale, Australe et de l’Est. Rapporteure pour avis depuis 2 ans sur les moyens alloués dans le budget de l’Etat à nos exportateurs, elle dresse un bilan positif de la situation de notre commerce extérieur malgré la pandémie, et fait part de son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Vous venez de publier un rapport sur le commerce extérieur. Quels sont les premiers enseignements que vous pouvez en tirer ?
J’ai effectivement présenté dans le cadre de l’examen du budget de l’Etat pour 2022 un rapport sur le « Commerce extérieur et la Diplomatie Économique » mercredi dernier en commission puis ce lundi dans l’hémicycle. À travers toutes les auditions que j’ai menées, j’ai pu constater que les décisions prises en 2018 par la Team France Export (TFE) fonctionnent bien. La plupart des acteurs m’ont fait de très bons retours. De même, nous sommes très satisfaits d’observer que les aides mises en place pendant la pandémie avec les PGE (Prêts Garantis par l’État), ont énormément aidé nos entreprises. La crise du Covid-19 a été l’occasion pour beaucoup d’entre elles de prendre du recul sur leur activité et de mieux ajuster leur stratégie. Les e-salons ont aussi très bien fonctionné, et ils ont créé de nouvelles opportunités pour les entreprises qui ne pouvaient pas assister à de tels événements en présentiel.
Concernant les points à améliorer soulevés par le rapport, mes réserves concernent notamment Business France. Cette structure s’installe parfois dans des pays où existent déjà des sociétés de conseil créées par des Français qui sont déjà spécialisées dans l’accueil et l’accompagnement des entrepreneurs français qui veulent travailler à l’étranger. On les appelle des OSCI pour “opérateurs spécialisés du commerce international”. Dans ces cas-là, Business France peut apparaître comme un concurrent pour ces entreprises privées. Des partenariats de Business France avec ces OSCI ou nos chambres de commerce et d’industrie implantées à l’étranger sont alors à privilégier.
Globalement, le commerce extérieur se porte-t-il bien ?
Nous sommes encore très déficitaires au niveau de notre balance commerciale, mais nous commençons à voir les résultats des décisions de 2017. Les chiffres sont encore mauvais, ce qui nous a valu des critiques de l’opposition, mais il s’agit du résultat de politiques mises en place depuis vingt ans. La France n’a pas assez diversifié son commerce extérieur, dont une partie très importante dépend du secteur de l’aéronautique. Il n’est donc pas étonnant que le bilan soit négatif après la pandémie que nous traversons. Sans oublier que la France est l’un des pays qui s’est le plus désindustrialisé depuis les années 1970. Néanmoins, j’observe une dynamique très positive depuis 2017 pour laquelle nous pouvons nous féliciter. Nous comptons 624 projets de réindustrialisation en cours et nous créons ou sauvegardons ainsi plus de 77.000 emplois. Je suis satisfaite de voir enfin des résultats tangibles, quoi qu’en dise l’opposition.
Nous avons aujourd’hui 136.000 entreprises exportatrices, un nombre historiquement haut pour lequel nous pouvons nous féliciter
Comment évolue le nombre d’entreprises exportatrices dans votre circonscription ?
Une des difficultés majeures à laquelle nous faisons face dans l’analyse du commerce extérieur, est l’absence de certaines données sur les exportateurs. Nous savons qu’ils sont aujourd’hui 136.000, un nombre historiquement haut pour lequel nous pouvons nous féliciter. Néanmoins, nous n’avons pas de données nous permettant de savoir s’il s’agit là de primo exportateurs ou non. Par conséquent, il est compliqué d’évaluer l’efficacité de nos mesures, de nos efforts et des moyens investis pour aider ces entreprises à exporter. Pour être en mesure d’avoir davantage de réponses, de la part des entreprises que nous aidons, à nos questionnaires qui permettraient de mieux les connaître, une des pistes serait de ne débloquer les 5 % ou 10% restants de l’aide allouée qu’à la réception de ces informations. Notre objectif est d’inscrire l’export des entreprises françaises dans la durée. Nous visons 200.000 entreprises exportatrices dans les prochaines années, mais il serait surtout intéressant d’avoir un objectif de chiffre d’affaires.
Quels sont les outils qui peuvent aider les entreprises françaises à exporter ?
En menant mes auditions, je me suis rendue compte qu’il existait des clubs d’affaires francophones qui n’ont pas le statut des Chambres de Commerce implantées à l’étranger mais qui remplissent des fonctions similaires. Or, ils ne font pas pleinement partie de notre réseau, alors qu’ils sont très utiles pour les entreprises françaises. Après en avoir parlé avec le Groupement du patronat francophone (GPF), nous avons décidé de créer le cercle des clubs d’affaires francophones. Le principe est de permettre à ces différents clubs de communiquer entre eux de façon transversale, et non plus seulement avec la France métropolitaine. Si une entreprise française en Éthiopie souhaite se lancer au Cameroun, la mise en contact directe avec le club d’affaires du Cameroun est précieuse. À terme, nous espérons que ces clubs d’affaires puissent devenir des CCFI.