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“La situation est particulièrement difficile pour les entreprises privées dans les pays en voie de développement, et notamment pour les TPE ou PME qui ont été créées ou qui sont gérées par des Français ”.
La crise du COVID19 qui s’est abattue sur le monde a représenté un risque sanitaire majeur dans tous les pays, ce risque n’étant d’ailleurs pas encore derrière nous. Mais elle a aussi un impact économique dont nous commençons à peine à mesurer les conséquences.
La situation est particulièrement difficile pour les entreprises privées dans les pays en voie de développement, et notamment pour les TPE ou PME qui ont été créées ou qui sont gérées par des Français, et qui contribuent ainsi à la richesse nationale et à la création d’emploi dans les pays qui les accueillent. Ces entreprises sont en effet aujourd’hui frappées par des difficultés multiples qui menacent la poursuite de leur activité alors que dans les pays où elles sont établies, il n’existe, en règle générale, aucun dispositif public susceptible de les aider à y faire face. Les banques commerciales veillent par ailleurs d’abord à la maîtrise de leurs risques, et n’accordent que très peu de prêts. De nombreux témoignages nous parviennent d’entrepreneurs français en grande difficulté, nous appelant ainsi à une exigence de solidarité à leur encontre.
Les premiers enseignements d’un questionnaire en ligne que j’ai diffusé font état de besoins relativement modestes en trésorerie exprimés par ces entrepreneurs français à l’étranger. Il serait, selon cette enquête, possible d’y répondre avec des montants limités mais dont l’impact serait crucial pour leurs entreprises.
Il est de l’intérêt de la France d’accompagner ces entrepreneurs, car la disparition de leurs sociétés serait une catastrophe. Beaucoup de pays dans lesquels ils sont présents auraient le plus grand mal à se remettre d’un tel scénario. Nous pensons d’abord à l’Afrique, qui a connu depuis vingt ans et la dernière phase d’annulation des dettes souveraines, une magnifique dynamique entrepreneuriale, aujourd’hui gravement menacée. Nous pouvons craindre les conséquences de la disparition du tissu des PME africaines dans cette crise, y compris son effet sur les flux migratoires, si une réponse n’est pas rapidement apportée. Mais nos craintes valent également pour reste du monde d’où les témoignages de désespoir ne cessent malheureusement d’affluer.
C’est la raison pour laquel il est indispensable qu’une initiative forte soit prise par la France pour permettre à nos compatriotes responsables d’entreprises en Afrique, et plus globalement dans les pays en voie de développement, de bénéficier d’un soutien comparable à celui qu’apporte Bpifrance aux entreprises de métropole et dans nos Outre-mer. Cette initiative devrait évidemment être accessible à l’ensemble des PME qui en satisferaient les critères d’éligibilité, puisqu’il serait politiquement difficile de réserver un tel soutien aux seuls intérêts français.
Le groupe AFD et sa filiale Proparco pourraient venir à l’aide du secteur privé dans les pays en voie de développement avec un effort particulier à l’endroit de l’Afrique.
Nous possédons en effet déjà les outils nécessaires, à savoir le dispositif de garantie ARIZ qui pourrait être amendé et sa quotité garantie portée de 50% à 90%, à l’image des garanties que Bpifrance apporte à ce jour en France aux établissements bancaires. Nous pourrions également, pour les besoins de nos entreprises innovantes, utiliser aussi un mécanisme qui existe déjà, Digital Africa et son fonds de 65 millions d’euros qui pourraient être alloués au sauvetage des entreprises labellisées « French Tech » et dont l’existence est menacée depuis la crise liée au Covid.
La situation est assurément urgente. De nombreux messages qui nous sont adressés par des entrepreneurs français en Afrique et par des observateurs locaux font craindre des vagues de licenciement massives dans la plupart des pays. Il est pressant de soutenir le secteur privé et l’économie. Car si la situation de l’emploi y connaît une régression soudaine, c’est toute notre stratégie basée sur un investissement de 0,55% de notre RNB en faveur du développement qui s’en trouvera réduite à néant. De surcroît, ce sont des fonds alors bien supérieurs qu’il faudrait mobiliser pour freiner cette dégradation de la situation économique et sociale. Pour éviter cet “effet domino”, le dispositif évoqué ci-dessus permettant aux entreprises de se financer auprès des banques locales avec une garantie de Proparco contribuera à la poursuite de l’activité économique et de conserver les emplois. Il permettra, ainsi et surtout, aux salariés le plus souvent locaux de ces entreprises de conserver leur dignité en subvenant, par le travail, à leurs besoins et à ceux de leur famille, étant entendu qu’un salaire fait parfois vivre bien plus qu’une seule famille dans les zones rurales.
Nous ne doutons pas que la France soutiendra une telle initiative, en parfaite cohérence avec la politique économique volontariste actuellement mise en œuvre au plan national.
Cette tribune est tirée d’un courrier que j’envoyé au ministre M. Bruno Le Maire le 29 mai et cosigné par les 72 parlementaires suivant :
Annexes – Enquête réalisée auprès de 392 entreprises des Français de l’étranger dans le monde et en Afrique rendue possible notamment grâce à la diffusion de la CCI France Internationale
Députée LREM des Français établis à l’étranger (Afrique, Moyen-Orient et Océan Indien)
Ancienne Cheffe d’entreprise Cybersécurité, Commandant de réserve Cyber-défense