Article paru le 25 septembre 2020 sur le site des élus progressistes « La République Ensemble »
C’est quoi être Français de l’étranger ?
Dans l’imaginaire collectif, un Français de l’étranger est soit un évadé fiscal, soit un expatrié ayant bénéficié d’une mobilité au sein de son entreprise et jouissant de ce fait d’un statut social et financier très avantageux. La réalité est bien sûr beaucoup plus nuancée et a considérablement évolué au cours de ces dernières décennies. Par définition, un Français de l’étranger est un citoyen de nationalité française établi dans un autre territoire que la France. 1.8 millions d’entre eux sont officiellement inscrits sur les registres de nos consulats, mais cette inscription n’étant pas obligatoire, la présence française dans le monde est bien plus importante. L’INSEE estime ainsi à 3.4 millions le nombre de Français résidant hors de France. Les profils et les motivations de ces Français sont très divers et les situations sociales qui en découlent sont loin d’être homogènes. Ils ont toutefois tous en commun cet attachement indélébile à la France et aux valeurs de notre République. En cela, ils sont les meilleurs ambassadeurs de notre culture à travers le monde.
Combien d’élus et quels rôles ? Si l’on s’en tient aux députés, nous sommes 11 à représenter nos compatriotes établis hors de France, selon un découpage territorial qui doit compter environ 150 000 Français. Le périmètre de ces circonscriptions est ainsi très variable. Là où mon collègue d’Amérique du Nord Roland Lescure représente par exemple les Français de deux pays -Canada et Etats-Unis- ma circonscription comptabilise quant à elle 49 pays, allant de l’Afrique de l’Ouest jusqu’au Moyen-Orient. Mais la représentation des Français de l’étranger ne s’arrête pas là. Il existe en effet également 12 sénateurs des Français établis hors de France et 443 Conseillers consulaires, qui sont les élus locaux de nos concitoyens établis hors de France, élus tous les 6 ans au suffrage universel direct.
Comment vous fonctionnez au quotidien sur un territoire aussi grand ? Pour ce qui me concerne, compte tenu du nombre de pays qui composent ma circonscription et de leur importance en termes de présence de Français, j’ai fait le choix de ne pas ouvrir de permanence parlementaire dans l’un d’entre d’eux. Cela aurait forcement été mal interprété. L’ensemble des projets locaux et des situations individuelles sont donc gérés depuis mon bureau de Paris. Je m’efforce toutefois de me rendre dans ma circonscription au moins une fois par mois. En règle générale, je suis donc présente trois semaines consécutives à Paris où je me concentre sur le travail parlementaire. Au-delà de ma participation aux travaux de la Commission des Affaires étrangères dans laquelle je siège, je suis particulièrement investie sur les questions de recherche, de cybersécurité, de souveraineté numérique mais également de lutte contre les violences conjugales. Une autre semaine est ensuite consacrée à mes déplacements en circonscription. Je m’efforce toujours de l’optimiser en prévoyant plusieurs pays (parfois jusqu’à 4 !) et en privilégiant naturellement les zones où la présence française est la plus importante. Le rythme y est très intense. A chacun de mes déplacements, j’organise des réunions publiques et des permanences parlementaires pour échanger et écouter nos compatriotes. Ils ont à l’étranger des besoins bien spécifiques, souvent liés à leur éloignement des administrations. Je rencontre également les opérateurs français qui sont installés localement, en particulier nos instituts culturels, nos établissements scolaires ou encore les bureaux de l’Agence française de développement. Pour la bonne organisation de ces déplacements, nous avons la chance de pouvoir compter sur l’appui de notre réseau consulaire et diplomatique. C’est un réel avantage.
Quels sont vos projets sur le terrain ? J’aime bousculer les lignes, les habitudes, les usages, et pour cela, j’ai bien souvent plus d’idées et de projets qu’il n’est possible d’en réaliser en un mandat. Je suis toutefois guidée par un même fil conducteur : renforcer les droits sociaux de nos compatriotes de l’étranger qui en ont besoin. Lorsque vous êtes établis hors de France, vous ne bénéficiez ni de l’école gratuite, ni d’une couverture maladie automatique, ni des aides sociales du système français. Nombre de Français se retrouvent ainsi en situation de totale précarité. Je défends l’idée d’une offre de couverture de soins plus accessible pour les plus démunis. J’y travaille activement avec la Caisse des Français de l’étranger qui est l’organisme assurant une continuité de sécurité sociale pour nos compatriotes de l’étranger. J’encourage également les associations françaises d’entraide et de solidarité présentes partout dans le monde à unir leur force pour monter en puissance et accompagner davantage de personnes vulnérables. J’ai ainsi impulsé la création de la Fédération internationale des bienfaisances et entraides des Français résidant à l’étranger qui devrait jouer ce rôle de moteur de la solidarité.