Etat des lieux
La France est le 4ème pays d’accueil des étudiants internationaux au monde, après les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie mais elle est le 1er pays d’accueil non-anglophone avec 324 000 étudiants internationaux actuellement.
Malgré ses nombreux atouts; établissements prestigieux, qualité de la formation, excellence scientifique, rayonnement culturel, histoire prestigieuse, qualité de vie, etc, le nombre d’étudiants en mobilité y progresse beaucoup moins vite que dans certains pays qui développent des stratégies d’attractivité offensives pour attirer davantage d’étudiants (Allemagne, Russie, Chine, Canada).
Le nombre d’étudiants accueillis en France stagne même depuis plusieurs années, alors qu’il continue d’augmenter dans d’autres pays comparables comme la Belgique et le Canada.
Les raisons
La France accuse notamment un retard dans les politiques d’accueil : les procédures administratives sont complexes, notamment la politique de visas, et les étudiants rencontrent des difficultés à formuler leurs demande d’aides sociales auprès des CROUS et de la CAF.
De plus, les étudiants rencontrent des difficultés pour ouvrir un compte bancaire, trouver un logement, et font face aux problèmes d’absence ou du peu d’enseignements en anglais et à des difficultés d’accès à des cours de français complémentaires.
Par ailleurs, l’absence d’un véritable programme d’accueil uniformisé sur le modèle de ce qui est pratiqué dans des pays voisins comme le Royaume-Uni ou les pays du Nord de l’Europe, contribue à renforcer ce sentiment d’isolement des étudiants en mobilité internationale et particulièrement des étudiants non francophones.
La stratégie
Avec la stratégie « Bienvenue en France », la France se fixe un double objectif : accueillir 500 000 étudiants étrangers à l’horizon 2027 et favoriser le départ à l’étranger de davantage d’étudiants, dans le cadre des échanges universitaires ou d’une mobilité diplômante.
Si les jeunes Français plébiscitent le programme Erasmus (plus de 40 000 sont partis en échange en 2015), ils partent cependant moins étudier à l’étranger que leurs voisins européens.
- Simplifier la politique de visas
Dès la rentrée 2019 une stratégie de simplification de la politique des visas sera lancée, en lien avec le ministère de l’Intérieur : priorité aux étudiants internationaux, guichet unique, dématérialisation de la procédure, titre de séjour spécifique pour revenir en France.
- Doubler les formations en français langue étrangère et en anglais
Les établissements qui mettront en place des modules intensifs de français langue étrangère à destination des étudiants étrangers non francophones pourront bénéficier des crédits ouverts au titre du Fonds d’amorçage Bienvenue en France, qui sera créé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et doté dès 2019 de 10 millions d’euros de budget.
En parallèle, l’offre d’enseignement à distance en français langue étrangère sera renforcée et enrichie, et la création de diplômes d’établissements destinés aux étudiants et scientifiques réfugiés, qui comportent une large part de français langue étrangère, sera éligible au soutien par le Fonds d’amorçage Bienvenue en France.
- Créer un label qualité d’accueil
Le label « Bienvenue en France » sera attribué aux établissements qui remplissent des conditions d’accueil qualitatives. Il pourra être attribué aux établissements dès 2019. 70 établissements sont actuellement candidats à l’obtention du label.
- Appliquer des frais différenciés et tripler les bourses d’études
A compter de la rentrée 2019, les étudiants extra-européens qui s’inscrivent pour la première fois dans un cycle supérieur de formation en France devront acquitter des frais d’inscription différenciés, qui apporteront plus d’équité : 2 770€ en licence et 3 770€ en master et doctorat, soit moins du tiers du coût réel de la formation dispensée.
En parallèle, il est prévu de démultiplier les exonérations et de tripler les bourses. Au total, un étudiant international sur quatre pourra bénéficier d’une exonération ou d’une bourse.
- Améliorer l’accompagnement
Pour instaurer une véritable culture d’accueil des étudiants internationaux, des efforts seront entrepris pour la systématisation des guichets uniques et pour leur accompagnement.
- Accroître notre présence et notre rayonnement à l’étranger
Des moyens sont mobilisés pour accompagner le déploiement hors de France des campus et des formations des universités et des écoles françaises.
Il faut construire, en partenariat avec les acteurs locaux, une offre française de formation supérieure à l’étranger, qui renforcera encore l’attractivité de l’enseignement supérieur français.
Il s’agit de démultiplier les capacités de formation à l’étranger et de renforcer la politique d’aide au développement.
- Lancer une campagne mondiale de communicati
Pour mettre en place la stratégie Choose France, le Gouvernement s’appuiera sur une campagne de communication mondiale dès 2019, sous l’égide de Campus France dont l’objectif sera de susciter l’envie de venir étudier en France.
Observations
La plan « Bienvenue en France » veut répondre aux nombreuses problématiques actuelles d’accueil des étudiants internationaux avec un objectif ambitieux de quasi-doublement du nombre d’élèves étrangers accueillis d’ici à 2027.
Ce plan a un coût, qui sera en partie financé par l’augmentation des frais d’inscription pour ceux qui ont la capacité de les prendre en charge.
Dans le même temps le système de bourse sera revalorisé et un dispositif d’exonération sera également mis en place pour ceux qui ont des difficultés financières et qui ne peuvent supporter l’augmentation des frais.
Cette partie de la stratégie a fait polémique. Il a été annoncé, notamment dans les médias, que le nombre d’inscriptions d’étudiants internationaux allait fondre à cause de l’augmentation des frais d’inscription et que cette politique tarifaire ne permettrait qu’aux étudiants des pays riches de venir se former en France et serait par conséquent discriminatoire envers notamment les étudiants originaires du continent africain.
Il faut veiller à ne faire ni procès d’intention, ni une interprétation erronée de certains chiffres.
En effet, début Février, beaucoup ont pointé le fait que le nombre de pré-inscriptions des étudiants étrangers avait reculé de 10% par rapport à l’année passée, y voyant un début des conséquence des annonces du gouvernement sur la hausse des frais d’inscription.
Or, ce nombre de pré-inscriptions est aujourd’hui stable comparé à la même période en 2018 et les pré-inscriptions sont une statistique relative puisqu’elles ne représentent chaque année que 25% des inscription effectives totales.
Quant aux accusations de politique discriminatoire à l’égard des étudiants issus du continent africain, il faut d’abord préciser que les africains ne sont pas tous demandeurs d’aides et que beaucoup d’entre eux ont les moyens de prendre en charge cette augmentation de frais. Ainsi, 40% des étudiants originaires du continent africain fréquentent des établissements privés payants aujourd’hui en France. Et pour ceux qui n’auraient pas les moyens de prendre en charge ces nouveaux frais d’inscription, comme indiqué ci-dessus, la multiplication des bourses ou les exonérations d’augmentation leur permettront de s’inscrire. Les étudiants ayant vocation à recevoir une bourse, africains ou non, pourront donc y prétendre.
En tout état de cause je puis vous assurer que les députés seront très vigilants sur ces différents points et assureront leur mission de contrôle à ce sujet lors de l’application de cette politique.
J’ai, à titre personnel, interpellé le Premier Ministre sur cette question afin d’avoir son assurance que les étudiants issus des pays pauvres francophones ne soient pas pénalisés par cette nouvelle stratégie.
Veuillez retrouver ma lettre au Premier Ministre ici ainsi que sa réponse ici.
Augmenter les tarifs d’inscription de façon raisonnée pour ceux qui en ont les moyens, sans remettre en cause leur possibilité ou leur volonté d’étudier en France, et aider les autres à s’inscrire et à vivre leur cursus estudiantin en France, font partie de cet équilibre et de l’attractivité que nous entendons offrir à nos amis étudiants du monde entier et plus spécifiquement à ceux de l’Afrique.