Je me suis rendue du 25 au 27 novembre dernier à Dakar au Sénégal dans le cadre du travail que je mène depuis près d’un an sur l’avenir de la Francophonie. Ce travail s’inscrit dans la mission d’information dont je suis rapporteure au nom de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Il s’agit de dresser le bilan des institutions de la francophonie et d’émette des recommandations pour moderniser cet objet, 30 ans après la loi Toubon relative à l’emploi de la langue française, 10 ans après la publication du dernier rapport parlementaire sur le sujet par mon collègue Pouria Amirshahi et alors que la France a accueilli cette année le Sommet de la francophonie, ce qui n’était plus arrivé depuis 3 décennies.
J’ai souhaité réaliser l’ultime déplacement de cette mission au Sénégal parce que ce pays dispose d’une relation à la francophonie tout en contraste. L’usage du français y est en effet signe de grandeur et d’élévation, incarnées par la figure de l’illustre Léopold Sédar Senghor. Il est aussi associé aux inégalités persistantes dans le pays, puisque pendant longtemps, l’utilisation du français ne fut réservé qu’aux plus éduqués et aux plus aisés. Cette ambivalence par rapport au français, qui est aussi l’héritage de l’histoire coloniale et de ses turpitudes, doit être regarder en face pour être dépassée. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons penser
une francophonie moderne, jeune, prospère, fière, qui soit un vrai vecteur d’émancipation et ne devienne pas au contraire, un objet qui alimente le sentiment anti-français. J’ai noté au Sénégal une demande forte d’apprentissage du français, en particulier chez les plus jeunes. C’est nécessairement un espoir pour le rayonnement de cette magnifique langue qu’il nous faut protéger.