Je me suis rendue au Liban du 21 au 24 avril derniers pour être présente aux côtés des Français qui résident sur place dont l’inquiétude est grandissante à l’aune des tensions accrues dans la région et alors que la France a émis une consigne de limitation des déplacements vers le Liban par l’intermédiaire du Quai d’Orsay.
Rencontre avec les élus, les services consulaires et la communauté française.
J’ai naturellement souhaité débuter ce déplacement par un échange avec les Conseillers des Français de l’étranger élus au Liban pour avoir leur ressenti sur la perception de la situation par nos compatriotes et leurs attentes. J’ai rappelé que la France serait toujours là pour assurer la sécurité de ses ressortissants et organiser si cela s’avérait nécessaire, un rapatriement vers la métropole, comme cela s’était produit en 2006. Chacun se l’accorde à dire toutefois, le contexte est bien différent de celui de 2006 car au delà d’un conflit qui n’a pas la même forme qu’à l’époque, ces tensions viennent s’ajouter à un cadre économique extrêmement défavorable au Liban, qui a contribué à précariser de très nombreux foyers. Dans le cas d’un rapatriement en France, beaucoup de familles ne seraient pas en capacité d’assurer leur moyen de subsistance, ce qui créé une inquiétude supplémentaire.
Cette tendance à la paupérisation m’a également été confirmé lors de mes échanges avec les services consulaires. Le poste de Beyrouth est celui qui dispose du budget alloué à l’aide sociale le plus important avec des besoins qui ne cessent de croître sous les effets de la crise économique et de l’inflation. Le service social mène un travail remarquable, s’appuyant sur des fonctionnaires très engagés, investis et à l’écoute qui font tout ce qu’ils peuvent pour répondre au mieux aux situations sociales extrêmement tendue qu’ils rencontrent.
Au consulat aussi, l’inquiétude grandissante des Français au regard du contexte régionale se fait ressentir puisque le poste a enregistré plus de 2000 inscriptions nouvelles depuis le 7 octobre. J’en profite pour rappeler effectivement l’importance de s’enregistrer auprès de votre consulat. Que l’on se trouve en zone à risque ou non, il est toujours utile de se faire connaître des autorités françaises pour faciliter les démarches de quelque ordre qu’elles soient (Consultez l’article sur l’opportunité à s’inscrire auprès de voter consulat)
Echanges avec les autorités locales sur la prévention du risque d’escalade.
Au regard de ces tensions, j’ai souhaité parallèlement m’entretenir avec plusieurs officiels locaux d’une part pour rappeler le soutien constant de la France pour oeuvrer à leur côté à la stabilité de la région, et d’autre part pour évoquer avec eux les mesures qui seront mises en place dans l’éventualité d’une flambée de la violence. Avec le Commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, nous avons ainsi eu l’occasion de revenir longuement sur la situation à la frontière avec Israël et les risques de dégradation militaire. De la même manière, j’ai été reçue par le ministre de l’Intérieur Bassam Maoulawi, avec lequel j’ai échangé sur la sécurité des résidents à Beyrouth, dans les grandes villes et en région, c’est à dire dans les principales zones où sont établis nos compatriotes. Enfin, j’ai rencontré le député de l’opposition Fouad Makhzoumi, avec lequel nous avons dressé des perpectives de coopération franco-libanaise dans le cadre d’une entente de diplomatie parlementaire.
La Francophonie comme trait d’union entre les peuples.
Le Liban et la langue française, c’est une longue et belle histoire d’amour, qu’il convient toutefois d’entretenir et de préserver. La Francophonie, au Moyen-Orient comme ailleurs, permet aussi de créer ces ponts entre les peuples et les cultures, dont la région a bien besoin. Pour l’ensemble de ces raisons, j’ai tenu à aller à la rencontre des acteurs qui font vivre et rayonner la langue française au Liban :
Au Collège Notre-Dame de Nazareth, j’ai eu l’immense joie d’échanger notamment avec les élèves de CM2 qui participent à l’édition 2024 du Parlement des enfants, initiative menée de concert par l’Assemblée nationale et le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse. Je suis particulièrement fière que des élèves représentant notre formidable réseau d’enseignement français à l’étranger aient ainsi à coeur de prendre part à ce type de concours, dont ils pourraient pourtant facilement se sentir éloignés. Le degré de conscience citoyenne et politique de ces jeunes est particulièrement avancé et cela est à l’image des projets impulsés par l’établissement. Depuis 10 ans déjà, en plus des délégués et des ambassadeurs anti-harcèlement, des élèves volontaires animent des groupes de travail sur des thèmes spécifiques qui vont de l’environnement à l’agriculture en passant par la médiation ou l’éveil sportif. Bravo et merci à la direction de l’établissement et toutes les équipes d’avoir permis cette rencontre.
J’ai eu également plaisir à échanger avec Levon Amirjanyan, premier représentant régional de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui dispose d’un bureau au Liban depuis janvier 2023. Avec mes amis Rita Moukarzel et Abdou Diouf, qui ont fondé le Comité nationale de la Francophonie (CNF), nous nous réjouissons de l’implantation de ce siège régional à Beyrouth pour lequel nous militions de longue date afin qu’une action résolue soit menée contre le recul du français. Les instances politiques de la Francophonie ont une volonté de protéger ce bastion et ce pivot de la langue française au Moyen-Orient et c’est une très bonne chose.
En dépit de ce contexte particulièrement délicat, j’ai été, comme toujours, impressionnée par la capacité de résilience des Libanais. Cette aptitude est une force qui leur permet d’avancer contre vents et marées et je tiens à la saluer chaleureusement, avec une pensée tout spéciale pour mon suppléant Joseph Moukarzel, fidèle serviteur de la communauté française au Liban.