Depuis l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin en 1995, la situation dans la bande de Gaza s’est inexorablement détériorée, transformant cet étroit territoire en une prison à ciel ouvert. Les attaques terroristes commises par le Hamas le 07 octobre dernier en Israël sont monstrueuses mais, plus encore: elles sont inexcusables.
La gravité des événements nous oblige à prendre de la hauteur et à dénoncer l’absence d’intérêt ces dernières années de la communauté internationale pour la question palestinienne, ce qui a sans aucun doute laissé les tensions s’exacerber. Nous avons collectivement détourné le regard, enthousiasmés par les relations bilatérales qui se nouaient entre Israël et plusieurs Etats de la région, semblant annoncer une amélioration de la situation au Proche-Orient.
Censé protéger Israël des attaques terroristes après la prise de pouvoirs du Hamas en 2007, le blocus de Gaza, principalement instauré par Israël et renforcé par la volonté de l’Égypte d’éviter un exode massif, a des conséquences humanitaires catastrophiques. Et là aussi, nous avons détourné le regard.
La solution pour ramener la paix ne réside bien entendu pas dans le lancement d’opérations militaires à grande échelle. En plus de leur coût humain, le passé nous enseigne que de telles mesures sont rarement efficaces pour éradiquer le terrorisme. En tant que démocratie éclairée, Israël doit faire preuve du plus grand discernement dans sa lutte contre le terrorisme du Hamas, afin d’épargner la vie des civils et éviter d’ajouter de la haine à la haine. Nous comprenons bien que cela est extrêmement difficile tant les horreurs commises le 07 octobre dernier sont glaçantes et tant l’émotion est grande en Israël!
La voie à suivre est bien plus complexe mais elle est nécessaire. La communauté internationale, qu’il s’agisse des Européens, des Américains, ou des pays arabes et des Israeliens, doit s’engager plus activement, afin d’élaborer un plan de développement de Gaza. Il faut imaginer des fonds conjoints qui pourraient être consacrés à l’éducation, à la santé, et à la culture : de grands projets, des hôpitaux, des universités, et des infrastructures sportives pourraient ainsi émerger et redonner de l’espoir à la population. Il convient en effet de créer un environnement propice à l’apparition de dirigeants modérés à Gaza avec lesquels il sera possible de discuter. Il en existe, allons les chercher !
Nous devons tous ensemble dessiner l’avenir, créer des perspectives, œuvrer à la coexistence pacifique des Palestiniens et des Israéliens. Je rappelle à cet égard que la France reste attachée à la solution à deux Etats, les autres pays membres du conseil de sécurité également.
Nous ne pouvons rien bâtir sur la haine. Et comme l’a si bien dit mon collègue Benjamin Haddad, la douleur d’une mère juive qui perd son enfant est la même que la douleur d’une mère palestinienne qui perd son enfant. Il convient de ne pas l’oublier. Une vie est une vie, mais la symétrie des douleurs n’implique pas une symétrie des responsabilités.
Seule une action collective fondée sur des perspectives d’avenir et sur l’espoir pourra rétablir une paix durable et mettre fin au cycle infernal du terrorisme.
Je suis pessimiste, mais pas désespérée. Je crois à l’intelligence des femmes et des hommes où qu’ils habitent, à leur appétit pour la paix: c’est à toutes ces bonnes volontés, et en dépit des calculs politiques des uns et des autres, que je m’adresse. Notre responsabilité d’élus et de citoyens du monde est de regarder de l’avant: en un mot, de ne plus détourner le regard.
Je veux enfin adresser toutes mes pensées à nos ressortissants en Israël, ceux qui sont décédés et ceux qui restent pris en otage, je veux ici exprimer ma gratitude au Qatar, à l’Egypte, au CICR et à tous les autres pour leur action qui a permis de libérer les premiers otages. Il est impossible de les oublier de même que toutes les autres vies brisées par les actions terroristes du Hamas. Mes pensées vont aussi aux civils palestiniens utilisés comme bouclier humain par le Hamas. Mais aussi à nos compatriotes de toute la région, et notamment au Liban et en Egypte, très inquiets d’un embrasement de la région.
“Puissions-nous nous unir sur un devoir de paix” comme l’a si bien dit notre ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Mme Catherine Colonna.
Députée LREM des Français établis à l’étranger (Afrique, Moyen-Orient et Océan Indien)
Ancienne Cheffe d’entreprise Cybersécurité, Commandant de réserve Cyber-défense