“Les Centres Médico-Sociaux sont un éléments majeurs de solidarité et de sécurité sanitaire pour les Français établis hors de France et contribue au rayonnement d’un modèle de santé au bénéfice de tous ”.
La santé des Français établis hors de France est un sujet qui me tient à coeur, particulièrement pour les plus démunis. Nous avons la chance, et il faut en être conscient, de bénéficier d’un système social des plus généreux au monde, répondant aux valeurs de solidarité de notre République. Ainsi, mon action s’inscrit dans ce prolongement, pour continuer à renforcer nos aides à destination des Français vivant à l’étranger en leur garantissant et en renforçant leur prise en charge par une médecine française de qualité. Dans les pays à forte communauté française où les structures médicales ne peuvent ni assurer les soins de la vie quotidienne (médecine de ville, diagnostics médicaux, petites urgences etc.), ni la préparation des évacuations sanitaires de nos concitoyens dans des conditions satisfaisantes, la France a mis en place et subventionne tous les ans ce que l’on appelle les centres médico-sociaux (CMS). Un centre médico-social est une structure, assimilée à un dispensaire et dirigée par un médecin français rémunéré par le ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE) qui assurera les missions sanitaires manquantes.
Depuis quelques années, je note malheureusement une baisse du nombre de CMS. En effet, dans les pays qui ont vu leurs offres sanitaires s’améliorer et qui ont connu une baisse de la fréquentation par la communauté française de ces centres, le MEAE a procédé à la suppression de certains postes de médecin-chef et ceci dans une optique d’éviter toute concurrence avec les initiatives locales en matière de santé. Mais je sais l’importance, pour nos ressortissants, de bénéficier d’un suivi médical par un médecin français, à des tarifs raisonnables et ce, dans des pays où les soins sont onéreux et où les structures ne permettent pas une prise en charge satisfaisante. Par ailleurs, les soins délivrés par nos CMS ne sont pas uniquement destinés à nos ressortissants mais aussi aux agents recrutés locaux ainsi qu’aux ressortissants des pays de l’Union Européenne. Cela permet à ces centres et à notre modèle de santé de rayonner au-delà de la communauté française et de participer à de plus larges missions de collaboration et d’échange avec le système de santé sur place.
Ainsi, mon objectif est de permettre le maintien et le renforcement des CMS en soutenant le travail et les efforts de nos médecins français et de tous les acteurs concernés. Ces médecins chef sont des hommes et des femmes passionnés qui s’efforcent d’honorer leurs missions sur place en suivant au mieux les patients tout en prodiguant à la communauté des actions de santé publique. De plus, beaucoup souhaitent avoir les moyens d’élargir leur action au-delà de la communauté française et européenne pour aider et accompagner les acteurs de santé locaux par leur expertise. Enfin, les CMS sont aussi le point focal en cas de crise pour la gestion et l’organisation des rapatriements sanitaires pour nos concitoyens. Leur rôle est d’autant plus justifié dans un contexte épidémique mondial, contribuant ainsi à la solidarité internationale. C’est pourquoi je travaille avec tous les acteurs concernés afin de faire l’état des lieux de la prise en charge de nos ressortissants dans un objectif : celui de permettre la conservation et l’amélioration de la sécurité sanitaire et de la prise en charge de tous nos concitoyens où qu’ils soient et quelque soit leur situation. Différentes pistes sont actuellement en discussion, correspondant aux attentes de certains médecins de CMS avec qui j’ai la chance de travailler, proposition que j’ai transmises au MEAE et au ministère des Solidarités et de la Santé (MSS).
- La télé-médecine : plus spécifiquement la télé-expertise, pour permettre à nos médecins sur place de bénéficier de la part de l’État des moyens pour consulter leurs confrères et consoeurs spécialistes en métropole afin d’avoir un avis médical.
- Internes en médecine et volontaires internationaux (VI) : Créer une collaboration entre le ministère de la Santé et les CMS pour offrir à des internes de médecine générale, infirmiers ou VI la possibilité d’être affectés dans un CMS pour se former à une médecine atypique et appuyer le personnel sur place.
- Sécuriser le circuit du médicament : les médecins de CMS ont tous une ou deux pharmacies de confiance. Mon objectif est de pouvoir labelliser ces officines garantissant, à nos CMS mais aussi à la population locale, un circuit du médicament contrôlé.
- Collaboration avec l’Union européenne : une part non négligeable des patients sont des ressortissants des pays de l’UE. Il est donc nécessaire d’impulser une réelle collaboration avec l’UE pour renforcer, maintenir et multiplier ces structures si importantes pour nos ressortissants.
- Pérennisation et développement des CMS : envisager un partenariat entre les ARS (Agence Régionale de Santé) et les CMS pour permettre le renforcement sanitaire de ces centres ainsi que les liens avec la métropole par une collaboration accrue. En effet, les ARS dispose depuis 2012, d’un fonds d’intervention régional (FIR) permettant de décliner au mieux sur le territoire la stratégie et le déploiement régional en santé. Ainsi, renforcer la capacité qu’ont les médecins de CMS leur donnera l’opportunité de réaliser d’autres missions sanitaires et de santé publique au bénéfice des citoyens français de l’étranger mais aussi à celui des pays hôtes par des actions de coopération et de développement.
- Donner la capacité à ces CMS de participer pleinement aux rayonnements de la France : au-delà de la solidarité française et européenne, il peut être intéressant d’inclure les CMS dans les politiques d’aide au développement, par un renforcement capacitaire de ces structures pouvant aller à la co-construction de centres de formations aux côtés des CMS qui seront de réels pôles de sécurité sanitaire et de développement aux bénéfices de tous.
- Renforcer l’indépendance d’action des médecins chefs : Mettre à disponibilité de chaque CMS d’une ambulance leur permettant d’être autonome et de pouvoir élargir leur champs d’actions auprès des patients éloignés. Les pays où se trouvent les CMS ne possèdent pas tous des réseaux routiers adéquats, empêchant certains ressortissants d’accéder à une prise en charge rapide.
Je continuerai, tout au long de mon mandat, à défendre l’action des CMS, éléments majeurs de la sécurité sanitaire des ressortissants français et des populations en général. Je suis sûre que ces centres peuvent devenir des pôles prometteurs de partenariats et de coopérations d’un modèle sanitaire globale co-construit entre la France et les États hôtes. Ce partenariat est d’autant plus indispensable dans un contexte épidémique mondiale qui nous rappelle à tous, la responsabilité que nous avons face à ce destin commun.
Exemple du CMS en République du Congo dirigé par le Dr. HERVE
“Il convient de s’atteler, dès aujourd’hui, à faire du lien entre chacun pour poursuivre dans le domaine de la santé au Congo ce nécessaire travail de coopération et de partage.”
Le médecin chef de Brazzaville est un médecin urgentiste de formation, ancien du SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation), formé à la prise en charge sanitaire dans des situations exceptionnelles et d’urgences. Cette capacité est très appréciée dans les CMS, car leur implantation se fait dans des zones à réalité sanitaire complexe.
La République du Congo compte une forte communauté française de l’ordre de 6000 personnes et dont le CMS assurera le cas échéant la prise en charge voir l’organisation du rapatriement sanitaire si nécessaire. Le CMS de Brazzaville, comme beaucoup de ces centres, fonctionne comme un cabinet de médecine générale disposant des capacités pour stabiliser des patients en cas d’urgence.
Par ailleurs, le médecin en chef ne se limite pas qu’aux soins mais participe, en fonction de ses capacités, à des actions de santé publique par des formations de secourisme auprès de la communauté, par l’installation de défibrillateurs automatisés externes (DAE) dans les infrastructures françaises mais aussi par des actions auprès de la population congolaise. Des liens mutuellement bénéfiques peuvent ainsi être créés avec les autorités sanitaires des pays hôtes. C’est dans cet esprit que le Dr Hervé a rencontré les chefs de services et les acteurs de santé congolais pour permettre un partage, une co-construction et ainsi faire en sorte que l’action de la France puisse bénéficier au plus grand nombre.
Le Dr. Hervé, à l’image de ses confrères et consoeurs des CMS, est un médecin très impliqué et soucieux de développer ses actions pour l’intérêt de tous, passant par la coopération médicale décrite ci-dessus mais aussi par la volonté de développer de nouveaux outils innovants comme la télé-médecine par exemple (télé-expertise, télé-consultation), luttant ainsi contre l’isolement des patients mais aussi des médecins eux-mêmes.
“Le lien établi entre le médecin chef du centre médico-social et les directeurs / professionnels de santé de terrain représente un socle de confiance grâce auquel ce travail a été rendu possible. Il devrait permettre, demain, en poursuivant cette relation d’écoute, de communication, de respect, de formation et d’échanges, d’optimiser le service rendu aux patients en général, à nos ressortissants en particulier. Comme le recommande le Centre de Crise et de Soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères « Il convient d’intégrer ces acteurs clés dans la stratégie opérationnelle du poste ».” Dr. Hervé
Un CMS unique vu de l’intérieur : explication par le Dr. ONDAI de ce qu’est le CMS de Pékin
“Médecin du CMS de l’Ambassade de France en Chine, salariée du MEAE depuis 3 ans, je suis médecin militaire qualifiée Aéro et Urgentiste, Colonelle retraitée du service de santé des armées avec une expérience dense et variée qui me permet d’exercer hors de ma zone de confort habituelle et avec un panel de prise en charge très polyvalent. En effet c’est paradoxal, malgré la présence de nombreux établissements de santé , très bien équipés au standard international, l’organisation médicale des soins différente de celle pratiquée en Europe et la barrière de langue font que l’exercice de la médecine à Pékin s’apparente plus à un exercice de médecine en milieu isolé. Heureusement je suis assistée par une infirmière multi-casquette et une assistante chinoise francophone sans compter la coopération franco-allemande qui nous permet de disposer des équipements nécessaires aux examens complémentaires.
Le cabinet médical est un CMS à gestion directe, qui dispense des soins allant de la consultation à la dispensation des médicaments y compris la réalisation de certains examens complémentaires, au profit de tous les ressortissants et leurs familles ainsi que les agents étrangers de recrutement local de l’ambassade et du lycée. L’effectif soutenu est d’environ 29000 ressortissants français répertoriés en Chine.
Outre les activités habituelles d’un CMS, les missions sont très nombreuses :
- Médecin référent et liaison médicale avec tous les correspondants médicaux chinois et internationaux, surtout pour le suivi des pathologies chroniques, des malades hospitalisés ;
- Soutien psycho-médical (qui est très accentué en période de crise Covid) avec conseil, orientation, assistance et approvisionnement en médicaments ;
- Missions consulaires avec des tournées dans les différents consulats généraux ;
- Participation à l’encadrement médical des visites officielles et/ou des cérémonies françaises ;
- Participer à la préparation du plan de sécurité de l’ambassade ;
- Proposer l’adaptation locale des directives de prévention en fonction de l’évolution de la situation épidémiologique en Chine.
Pour un médecin, exercer en Chine c’est innover en permanence et bien maîtriser la débrouille.”
Dr. ONDAI
Les CMS, éléments important de la gestion du Covid en Afrique : Exemple du CMS de la Guinée Conakry dirigé par le Dr. HENRY
Le Dr. Henry, chef du CMS de Guinée Conakry depuis près de trois ans, est un médecin généraliste de formation ayant eu une expérience en cabinet de campagne pendant 17 ans en France ainsi que sur les îles Kerguelen. Riche de ces expériences, il a été formé en tant que médecin sapeur pompier, a travaillé également au sein de la sécurité civile et a suivi des formations d’ostéopathie et de psychanalyse. Tout ceci donne au Dr. Henry de vastes compétences pour pratiquer l’art de la médecine en milieu isolé.
Le CMS de Guinée Conakry est un centre géré de manière associative. En activité depuis plus de 15 ans et localisé au sein même de l’ambassade de France, il est également composé de deux secrétaires et d’un agent, tous trois employés localement et ne dépendant pas du MEAE. Un médecin guinéen est également présent pour appuyer et remplacer le médecin chef lors de ses déplacements ou de ses jours de repos.
Le CMS est un élément incontournable, en particulier en temps de crise. Le Dr. Henry s’est pleinement investi au cours de la gestion de la crise du Covid-19, montrant ainsi le rôle et l’expertise que les CMS peuvent procurer à la France mais aussi aux autorités locales.
En effet, le centre a vu en son sein la mise en place d’un site de prélèvement Covid-19, réalisant en 5 semaines plus de 500 prélèvements. Ainsi, tous les matins le CMS participe aux activités de prélèvements qui seront ensuite analysés à l’Institut Pasteur de Guinée. L’ANSS (Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire) de Guinée répertorie ensuite les cas positifs. Dans l’après-midi, le centre reprend une activité classique de consultation pour assurer le suivi des patients ainsi que les visites médicales pour les inscriptions de nos concitoyens dans le besoin sur des listes prioritaire pour les vols de rapatriement Covid-19 en direction de la France. Le CMS a ainsi vu un renforcement de ses équipes pour assurer ces nouvelles missions.
L’exemple de cette crise nous montre en quoi les CMS peuvent devenir une aide précieuse pour nos ressortissants mais aussi pour le pays sur place par un partage d’expérience et de savoir-faire entre tous les acteurs de santé de ces pays.
Députée LREM des Français établis à l’étranger (Afrique, Moyen-Orient et Océan Indien)
Ancienne Cheffe d’entreprise Cybersécurité, Commandant de réserve Cyber-défense