Au salon VivaTech à Paris, à l’occasion d’une heure d’échanges, en français et en anglais, avec cinq entrepreneurs de la tech face à un parterre de près de 5.000 personnes, Emmanuel Macron a plaidé pour une « Europe puissance » constituée de champions européens concurrençant les géants chinois et américains tout en soulignant le modèle socio-démocrate européen. A l’approche des élections européennes, il a défendu sa vision d’un nouveau modèle européen d’une « tech soutenable démocratiquement ».
Il a notamment salué la croissance des levées de fonds et s’est félicité de cet « écosystème qui grandit » preuve de la réussite de l’« Europe du concret » qu’il défend.
Mais il a aussi prévenu que « s’il n’y a pas une Europe forte, on n’a pas la possibilité d’avoir un marché domestique fort, y compris en France ».
Interrogé sur la difficulté des start-up françaises ou européennes à croître sur le même terrain que les géants américains, le président a d’abord défendu ses réformes pour favoriser les investissements, « attirer et garder les talents » : transformation de l’ISF en IFI, « flat tax » sur le capital à 30 %.
Il a aussi souligné la création en France de la taxe Gafa et veut désormais se battre pour l’appliquer au niveau européen voire de l’OCDE malgré les réticences des partenaires européens.
Face à l’appétit des géants américains du numérique, le chef de l’Etat a avancé qu’il faut « éviter que les plus gros acteurs rachètent tout ». Pour cela des moyens de régulation et de nouveaux outils doivent être donnés aux autorités de la concurrence pour le contrôle des concentrations et des positions dominantes.
L’échelle du marché européen avec la constitution d’un marché unique du numérique est indispensable pour pouvoir faire face aux géants internationaux selon le Président. De même il a demandé une stratégie européenne plus forte pour l’intelligence artificielle qui promeut davantage de financements éthiques de source européenne. «La souveraineté dans le numérique est à l’échelle européenne. Si nous voulons être dans la compétition, nous avons besoin d’acteurs européens et, si nous voulons des acteurs européens, ils ont besoin d’un marché d’une taille comparable à ceux des Etats-Unis et de la Chine », a-t-il martelé.
Au protectionnisme, il oppose des règlementations intelligentes (smart regulations) et sans naïveté. Dans le cadre des élections européennes le président de la République a mis en garde contre les extrêmes droites sui progressent dans toute l’Europe et prônent une fragmentation de l’UE et un repli sur soi qui mettraient en difficulté l’innovations et les entreprises européennes. Les électeurs sont selon lui face au choix de laisser les Etats-Unis et la Chine face à face dans les prochaines décennies ou de faire de l’Europe une 3ème voie.
« L’Europe peut devenir le leader mondial de la tech de demain. Nous sommes en train de créer la tech soutenable démocratiquement. Nous sommes en train de bâtir en Europe un modèle compétitif, démocratique et mû par le bien commun » Emmanuel Macron