Sous l’impulsion du Président Macron et de son célèbre discours prononcé en novembre 2017 à Ouagadougou, la France vient de faire un grand pas en direction du continent africain dans le domaine de la culture : l’Assemblée nationale vient en effet de voter à l’unanimité le projet de loi sur la restitution de biens provenant de leur patrimoine à deux pays africains. Il s’agit d’une décision inédite et d’un acte très fort qui marqueront de leur empreinte ce quinquennat du Président Macron.
La France va tout d’abord remettre au Bénin 26 œuvres du trésor royal d’Abomey conservées jusqu’ici au musée du Quai Branly-Jacques Chirac. Le Sénégal, lui, bénéficiera de la restitution formelle avec transfert de propriété du sabre dit d’El Hadj Omar Tall, grande figure militaire et religieuse, qui a déjà été remis aux autorités de ce pays lors de la visite du Premier ministre Edouard Philippe à Dakar en novembre 2019, et qui était auparavant conservé au musée de l’Armée.
Notre ministre de la Culture, Mme Roselyne Bachelot, parle d’un « nouveau chapitre du lien culturel entre la France et l’Afrique » et elle a parfaitement raison ! Ces œuvres ont en commun d’avoir été pillées et saisies à la période de la colonisation française et d’être, depuis, sorties de leur pays d’origine. Elles y sont donc inaccessibles notamment pour les nouvelles générations qui ne sont donc pas en mesure d’admirer ces œuvres – qui viennent pourtant de leur propre pays – et qui pourraient tant leur dire sur leur histoire et contribuer à forger leur identité nationale.
Il me semble ainsi très positif que les jeunes Béninois puissent prochainement découvrir et s’approprier ces 26 pièces du « Trésor de Béhanzin » qui font partie de leur patrimoine. Ces restitutions font bien entendu l’objet d’un débat et cela me semble également très positif car jusqu’ici, toute réflexion se heurtait au principe d’inaliénabilité des collections de nos musées. Il ne s’agit pourtant pas pour notre pays de « vider ses musées », tel que le musée du Quai Branly, dont la grande majorité des œuvres ne sont pas des biens mal acquis. Mais d’envisager de fonder avec les pays africains un nouveau partenariat culturel et de leur envoyer un message fort dans ce sens.
De nombreux pays d’Afrique, comme le Bénin, se dotent de musées modernes permettant à leurs citoyens de découvrir leur histoire et leur patrimoine artistique : notre pays souhaite accompagner ce mouvement de manière innovante ce qui permettra sans aucun doute de faire naître une relation plus apaisée entre la France et ses anciennes colonies. Il nous faut mettre en place une plus grande circulation des œuvres, offrir notre assistance technique dans le domaine de la conservation des œuvres et de la muséographie, multiplier les échanges culturels. Aux yeux de certains sur le continent africain mais aussi en France, cette restitution demeure certes insuffisante : elle est pourtant un signal majeur que notre pays envoie au continent africain. Elle démontre que les temps ont changé et que la France souhaite, plus que jamais, des relations d’amitié et de saine coopération. A nous tous désormais d’écrire ce nouveau chapitre de nos relations. Et espérons que les sénateurs feront preuve de la même unanimité que les députés sur ce dossier !
Députée LREM des Français établis à l’étranger (Afrique, Moyen-Orient et Océan Indien)
Ancienne Cheffe d’entreprise Cybersécurité, Commandant de réserve Cyber-défense