Actualités du G5 Sahel : du sommet de Niamey à celui de Pau
Dans le cadre de mes attributions de membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, je suis également rapporteure de suivi de la zone G5 Sahel. C’est à ce titre que je vous propose de produire une information régulière sur l’actualité de cette structure et les enjeux liés à la sécurité du Sahel.
Le G5 Sahel, créé en 2014 à l’initiative de l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, est une organisation composée de cinq Etats du Sahel (la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad) et dont le secrétariat permanent est situé à Nouakchott. En 2017, à l’initiative du Président Macron est lancée l’Alliance Sahel, qui est l’interlocuteur du G5 Sahel dans le domaine du développement. Si les cinq Etats du G5 Sahel ont noué des liens institutionnels dans divers domaines, leur mission principale demeure la lutte contre les groupes djihadistes présents dans la région au moyen d’une force militaire conjointe créée en novembre 2015. Ce dispositif s’ajoute donc aux autres forces militaires présentes dans la région : les forces françaises de l’opération « Barkhane », la MISNUMA de l’ONU au Mali, la Force multinationale mixte autour du lac Tchad ou encore des troupes américaines.
Les pays du G5 Sahel paient un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme international comme en témoigne l’attaque meurtrière du 10 décembre dernier à In-Ates (Niger) qui a coûté la vie à 71 soldats nigériens. Cette attaque est la plus meurtrière subie par l’armée nigérienne depuis le début 2015.
C’est dans ce contexte que s’est déroulé le 15 décembre à Niamey une rencontre des dirigeants des Etats du G5 Sahel. Ces derniers ont ainsi appelé à un renforcement du soutien international contre le djihadisme. Qu’il s’agisse d’accroître la coopération « entre les services de sécurité et de renseignement » avec d’autres Etats de la région ou d’inciter les bailleurs de fonds internationaux à accélérer le décaissement des financements destinés à faire monter en puissance la force conjointe du G5 Sahel.
La prochaine réunion d’importance pour le G5 Sahel sera sans doute le sommet voulu par le Président Macron, qui doit se tenir le 13 janvier prochain à Pau (la réunion, initialement prévue pour le 16 décembre, ayant été repoussée suite à l’attaque d’In-Ates). Ce sommet doit permettre aux cinq Etats de faire le point avec la France, récemment meurtrie par la mort de 13 de ses soldats le 25 novembre dernier au Mali, sur leurs engagements respectifs dans la lutte commune contre le terrorisme. Ce sommet a aussi pour objectif de « poser les bases d’un soutien international accru » aux pays du Sahel en impliquant un nombre plus important d’acteurs dans la région, et notamment européens via la force « Takuba » en phase de constitution, dans un contexte où la France – au travers de la présence de sa force Barkhane – est parfois sujette à des critiques de la part des populations locales. Il s’agira aussi d’examiner la mise en œuvre du « partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel » proclamé lors du Sommet du G7 à Biarritz en août 2019 qui prévoit une meilleure coordination avec les Etats de la CEDEAO. La stratégie et les moyens mis en œuvre pour assurer notre sécurité à tous, de Bamako à Paris, se définiront encore un peu plus lors de ce sommet de Pau.