Les résultats du sommet de Pau du 13 janvier dernier ont été salués par les chefs d’États du G5 Sahel, par la France mais aussi par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Pour rappel, il en est ressorti la volonté de :
- créer une coalition pour lutter contre le terrorisme, prioritairement contre le groupe État islamique au grand Sahara,
- recentrer géographiquement l’action des forces,
- renforcer les capacités militaires des États sahéliens,
- soutenir leur autorité sur l’ensemble de leur territoire,
- renforcer l’aide au développement des pays concernés.
Malheureusement, sur le terrain, les violences ne faiblissent pas comme en témoigne l’attaque perpétrée le 26 janvier dernier contre le camp de gendarmerie de Sokolo au Mali. Ces attaques contribuent à favoriser une atmosphère d’insécurité à la fois pour les populations civiles mais aussi pour les forces présentes sur le terrain créant un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. Cette situation impose d’agir vite et bien.
La France et les États sahéliens ont rappelé au sommet de Pau la nécessité d’élargir au plus grand nombre la coalition.
Or, les États-unis ont exprimé leur réticence à rester dans la région. C’est pourquoi la ministre des Armées, Mme Florence Parly, s’est rendue le 27 janvier dernier aux États-Unis pour convaincre M. Mark Esper, son homologue américains de maintenir la présence de ce pays en Afrique. En effet, Washington est un allié important dans la lutte anti-terroriste dans cette région, en particulier grâce à son aide logistique, de ravitaillement mais aussi du fait de ses capacités de renseignements aériens. Cependant, lors de la rencontre, le chef du Pentagone a évité de prendre tout engagement envers Paris.
En réponse à cette situation et aux engagements français, la ministre française des Armées a annoncé, dimanche 2 février, un renfort pour la force Barkhane de 600 femmes et hommes supplémentaires, au lieu des 220 annoncés par Emmanuel Macron au sommet de Pau. Le contingent français passe ainsi de 4500 à 5100 militaires au Sahel et marque une volonté forte du coté français de venir en aide aux États sahéliens.
Par ailleurs, nos partenaires européens et du G5 Sahel se mobilisent et viennent renforcer les forces sur place. L’annonce française révèle ainsi le déploiement futur d’un bataillon supplémentaire venant du Tchad, de même que la mobilisation d’acteurs européens tel que les Tchèques dont le gouvernement vient d’annoncer l’intention de déployer 60 militaires au sein de la Task Force Takuba.
Enfin, la question du développement demeure primordiale : l’attente des populations locales est forte et il est indispensable d’agir sur le capital humain dans cette zone pour espérer voir une porte de sortie à ce conflit (éducation, santé etc.).
Nous pouvons noter le soutien financier des pays du Golfe, comme en témoigne l’annonce des Emirats arabes unis en ce mois de février d’une allocation de près de deux milliards de dollars à la Mauritanie. Cette somme a pour but de financer des projets d’investissement et de développement, une aide primordiale pour un pays membre du G5 Sahel impliqué dans la lutte anti-djihadiste. La France compte sur le soutien financier des pays du Golfe pour continuer d’aider les membres du G5 Sahel à faire face aux défis actuels.
Ainsi, les membres du G5 Sahel se préparent à la tenue de l’assemblée générale de l’Alliance Sahel qui permettra de préparer les actions à mener dans les domaines du développement et de la sécurité. La prochaine réunion associant les États du G5 Sahel et la France en juin 2020 à Nouakchott sera l’occasion d’évaluer les actions entreprises en ce début d’année.