Pour la 3ème fois au cours du deuxième semestre 2020, je me suis rendue au Liban du 13 au 17 décembre dernier. Mes déplacements d’août et de septembre s’inscrivaient dans le cadre des déplacements officiels du président de la République Emmanuel Macron, faisant suite à l’explosion survenue dans le port de Beyrouth le 4 aout 2020. Pour cette nouvelle visite, j’ai souhaité me concentrer sur des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur.
La situation des Français sur place tout d’abord. Comme l’ensemble des résidents au Liban, nos compatriotes payent un très lourd tribut à la crise profonde que traverse le pays et que le contexte pandémique ne fait qu’aggraver chaque jour un peu plus. Ceux qui le peuvent font souvent le choix douloureux de quitter le Liban pour la France, les pays du Golfe ou encore l’Afrique.
Les facilités de visa accordées par les autorités françaises notamment en faveur des conjoints libanais, ont constitué une aide utile. Mais c’est tout de même une vie qu’il faut reprendre de zéro. Ceux qui sont contraints ou font le choix de rester subissent de plein fouet les effets de la dévaluation de la livre libanaise, qui rend toute chose du quotidien extrêmement complexe et pousse de plus en plus de monde sous le seuil de pauvreté. En coordination avec tous les acteurs concernés, je travaille ainsi à des solutions permettant aux Français sur place de s’acquitter plus facilement de leurs obligations financières, en particulier d’éventuels impôts en France ou encore de leur cotisation à la CFE, organisme avec lequel je suis en lien permanent pour éviter aux adhérents tout risque d’interruption de leurs droits et garantir une meilleure couverture dans le contexte pandémique. Par ailleurs, dans le cadre de la stratégie vaccinale pour les Français de l’étranger, qui est actuellement en cours d’élaboration par le ministère des Affaires étrangères, je me suis efforcée de relayer la situation spécifique des Français du Liban afin qu’ils puissent avoir accès à un vaccin reconnu internationalement dans de bonnes conditions.
Tous ces sujets, mon suppléant Joseph Moukarzel et moi-même les avons abordés avec notre nouvelle ambassadrice au Liban Mme Anne Grillo, qui a les épaules et l’énergie nécessaires pour relever ces défis. Je les ai également évoqués avec notre Consul général à Beyrouth, M. Karim Ben Cheikh avec lequel nous travaillons en confiance pour accompagner au mieux l’ensemble de nos concitoyens.
J’ai eu le plaisir d’aller à la rencontre des agents du bureau de Beyrouth de l’AFD et Business France, nous avons pu aborder les succès des projets en cours mais également les difficultés liées à une administration au ralenti.
J’ai également souhaité travailler sur la place des femmes dans la société libanaise. Elles aussi sont les victimes directes de la crise économique et sanitaire et pourtant, j’en ai la conviction, elles sont l’avenir du Liban et il est grand temps qu’elles prennent toute leur place à tous les niveaux de la société libanaise. Elles incarnent l’aspiration au changement tout autant que les jeunes. J’ai ainsi eu l’immense honneur d’être reçue par deux grandes figures de l’émancipation des femmes au Liban. Avec la députée Bahia Hariri nous avons échangé sur les projets en commun qui pourraient être menés entre nos deux pays en faveur de l’éducation, de la jeunesse et de la place des femmes au Moyen-Orient. Il s’agit là d’enjeux centraux dont je me fais régulièrement le relai auprès de nos plus hautes autorités. Avec Claudine Aoun, présidente de la Commission nationale pour la femme libanaise, nous avons évoqué les actions qu’elle mène dans le cadre de ses fonctions en matière de lutte contre les violences conjugales et pour l’émancipation. Là encore, notre coopération dans ces domaines doit s’intensifier. J’ai pu aller à la rencontre de ceux qui m’ont sollicitée régulièrement par courriel pour m’exposer leurs difficultés dans la plus grande confidentialité.
Enfin, j’ai poursuivi mes rencontres, déjà engagées lors de précédents séjours, avec des entrepreneurs libanais. Avec eux et en lien avec des entreprises françaises, je souhaite que nous puissions aboutir à la mise en place d’une plateforme pour une mise en relation plus fluide et qui permette aux entreprises libanaises de trouver des relais de croissance en tant que fournisseurs d’entreprises françaises voire européennes. Pour ces dernières, l’atout libanais est immense : Les Libanais sont culturellement et géographiquement plus proches de la France que des sous-traitants indiens par exemple, avec un niveau d’étude et de compétence reconnu dans le monde entier.
Le Liban est cher à mon cœur. Les épreuves douloureuses qui s’y succèdent sont un déchirement. Mais à l’image de mes rencontres sur place, je sais qu’il dispose de toute la ressource et de toutes les énergies nécessaires pour se renouveler et rebondir. Je serai en tout cas toujours aux cotés des Libanais et des Français du Liban pour défendre au mieux leurs intérêts.