Le sommet de Pau du lundi 13 janvier, dont le lieu a été choisi en référence au bataillon d’origine de la majeure partie des militaires morts en novembre dernier, a réuni les Chefs d’État du G5 Sahel à la demande de la France. Ce sommet a été un moment important d’unité entre les pays et a permis une clarification indispensable concernant la présence militaire française de la part de nos alliés sahéliens.
En effet ces derniers mois, des manifestations antifrançaises se sont multipliées au Mali, au Burkina et au Niger, semblant remettre en cause la présence de nos militaires. La France a tenu à remercier les Chefs d’État sahéliens d’avoir combattu avec fermeté ces discours et a pu rappeler qu’elle intervient à leur demande pour répondre à deux objectifs que sont la lutte antiterroriste et l’aide aux États sahéliens en vue d’assurer la pleine souveraineté sur leur territoire.
Ce sommet a été l’occasion de réaffirmer la détermination commune à lutter contre les groupes terroristes de la zone, à poursuivre l’engagement militaire de la France au Sahel en plaidant pour un renforcement de la présence internationale à ses cotés. Une redéfinition en profondeur du cadre opérationnel de l’action sahélienne a été mise sur table, concrétisée par des objectifs militaires et politiques inscrits dans quatre piliers stratégiques en vue d’une réponse rapide et efficace.
- Recentrer l’action militaire au niveau du fuseau centre des trois frontières, dans le Liptako et le Gourma en priorisant la lutte contre L’État Islamique du Grand Sahel (EIGS) sous le commandement conjoint de la Force Barkhane et de la Force conjointe du G5 Sahel.
- Renforcer les capacités militaires des États sahéliens avec l’envoi de 220 militaires français supplémentaires en parallèle du partenariat de l’Union Européenne avec la Task Force Takuba qui rassemblera les forces spéciales européennes. Renforcement qui se matérialisera également par une meilleure collaboration des forces grâce au commandement conjoint qui améliorera la coopération militaire, logistique et le partage de renseignements, éléments primordiaux dans la lutte antiterroriste.
- Appuyer le retour des États et leurs administrations sur les territoires en proie aux violences terroristes, qui s’appuiera dans le cadre du « Programme pour la sécurité et la stabilité pour le Sahel » P3S annoncé au sommet des pays du G7 en août dernier à Biarritz.
- Renforcer l’aide au développement, quatrième pilier stratégique qui redonnera aux populations l’aspiration et le capital humain nécessaires au bon développement de leurs sociétés. Ce pilier repose sur l’Alliance Sahel qui concentre de nombreux acteurs et environ 800 projets. Le sommet a été l’occasion de fixer deux objectifs spécifiques que sont le décloisonnement du fonctionnement entre les parties-prenantes et surtout une plus grande lisibilité pour la population des projets en cours.
Ces décisions prises lors du Sommet de Pau ont pour objectif de protéger les populations civiles, de défendre la souveraineté des États du G5 Sahel, de prévenir une potentielle extension de la menace terroriste en particulier en Afrique de l’Ouest et dans les pays frontaliers et enfin de ramener la stabilité dans ces pays, clé de voûte pour leur développement futur.
L’enjeu dépasse la lutte contre le terrorisme et se voit marqué par les défis humanitaires que connait cette région via les déplacés internes, les réfugiés ainsi que la fermeture des écoles et centres de santé, qui, nous le savons, correspondent à des indicateurs de stabilité. Il est primordial d’agir sur les besoins primaires des populations civiles, ce qui permettra à nos objectifs militaires de s’inscrire dans un cadre plus large de stabilisation.
Le prochain sommet associant les États du G5 Sahel se tiendra en juin 2020 à Nouakchott sous la présidence mauritanienne du G5. Ce moment sera l’occasion de faire le bilan sur ce nouveau calendrier construit autour d’objectifs militaires et d’objectifs politiques concernant l’action des États et l’aide aux populations civiles.